lundi 13 mai 2013

De la boue au pain, deux jours pour un four à pain


Jeudi 09 mai 2013 
C’est au Meynieu chez Cathy que nous allons ce matin, la météo n’est pas optimiste mais nous le sommes. Le programme de ces deux jours est de confectionner un four à pain traditionnel, du village d'Aïcha, dans le Rif. Aïcha et Mohamed sont  déjà au travail, ils préparent le support  qui doit recevoir le four.
Sur une palette sont empilés successivement :
-un carton  recouvert d’une fine couche de terre végétale.
-une tôle, un peu de sable et 3 feuilles de journal.
C’est parti, Aïcha jongle déjà avec l’argile, elle a le compas dans l’œil, pas besoin de mètre,  sa main  mesure exactement le diamètre que doit faire le four. On dirait une grande pizza de 60 cm.

Entre ses mains les pâtons d’argile s’allongent, s’aplatissent et arrivent comme par magie sur le fond. Cinq plaques forment une couronne d’1 cm d’épaisseur sur 20 de haut,


elle  en monte ainsi deux rangées, rétrécissant le diamètre progressivement finissant par des colombins plus petits.
                                             
Mohamed allume un feu dans le mejmar, les braises sont placées dans une coupelle pour sécher les parois.

A l’aide d’un couteau, l’ouverture est faite ainsi que la porte, sans mesure, à vue d’œil et tout tombe « pile poil ». Elle fait également un couvercle et un cylindre dont on verra plus tard l’utilisation.
Maintenant, Aïcha renforce la structure,  plaçant sur tout le pourtour des sortes de poignées. L’ouverture ainsi que le col est serti par des colombins de 4 cm. Tout cela se fait alors que le feu est entretenu, dégageant des gaz qui obligent Aïcha à faire une pause.

 Il pleut tellement que le repas est partagé à l’intérieur.

Ce que je croyais terminé n’est qu’un début, ce bel ensemble  disparaît progressivement  derrière un mur de tessons joint à l’argile.  Cette muraille est à 1 cm de la paroi du four, les cendres maintiendront  cet espace.

Mais ce n’est pas encore fini.
Comme ils nous paraissent simples ces gestes, si faciles à reproduire. Jérôme et moi nous ne pouvons résister à la tentation de reproduire un mini four. D’un œil attendri et bienveillant Aïcha nous regarde, voit nos difficultés et ne peut s’empêcher d’intervenir. Elle reprend les formes, il faut bien le reconnaître sans elle, ce serait  beaucoup moins bien.

Après une balade en barque, Léo et Lucie fabriquent divers objets et profitent de ce bel espace
Nous avons passé une journée extraordinaire.

Vendredi 10 MAI 2013
Le temps est plus agréable ce matin, Mohamed coupe en menu brin la paille qui, mélangée à l’argile très molle, servira de torchis. Il fabrique des balais avec des branches de noisetier qui serviront pour enlever les braises.

Le four est bourré de paille et de bois, le feu est allumé.
Le cylindre est placé perpendiculairement, le mur de tessons entoure le four, sauf deux trous «oreilles» de part et d’autre qui faciliteront le tirage.

Le torchis :
Le four est entièrement recouvert du mélange d’argile et de paille, le tirage est bon, nous allons faire le pain.
Voilà la recette d’Aïcha :
500gr de farine type 55.
250 gr de semoule à couscous fine.
Une pincée de sel.
10 gr de levure de boulanger fraîche (diluée dans de l’eau tiède)
Eau tiède (quantité non mesurée)
Une fois le mélange fait, on laisse reposer 1/2 heure. Puis Aïcha forme des galettes qui reposeront encore 1/2 heure.




Sur la planche  « made in Jérôme »les pains sont enfournés, délicieusement parfumés. Nous les dégustons en trempant nos morceaux dans de l’huile d’olive avec un thé à la menthe préparé par Mohamed.

Un détail nous interpelle, hier Aïcha est arrivée avec une robe blanche parsemée de petites fleurs, ce soir elle est toujours aussi propre, nous, nous sommes enduits d’argile.
Quelle belle journée dans ce lieu magique, merci Cathy, Aïcha et Mohamed.



texte Colette
photos Gwenolé

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